Déborah, prof de Yoga

Présentation personnelle

Je m’appelle Déborah, j’ai 33 ans. J’ai un tempérament très introverti, mais je ne suis pas antisociale pour autant. Aujourd’hui je suis prof de Yoga et à mon compte. Avant j’ai fait divers petits boulots puis j’ai été prothésiste dentaire. Ce qui me plait dans ces deux domaines c’est de travailler dans le calme, d’être concentrée, d’affiner chaque jour son sens de l’observation, ainsi que la quasi monotonie d’une pratique quotidienne et de la formation continue tout au long de la vie. J’ai aussi une licence de Lettre et je suis passionnée par les langues et la linguistique.

Présentation de mon activité

J’ai commencé à donner des cours de Yoga en 2017 suite à un déménagement. Je voulais juste continuer de prendre des cours et dans cette nouvelle région je ne trouvais que des propositions pour des activités New Age ou des profs de sport qui intitulaient leur gym douce « Yoga ».. C’est en partie ce qui m’a motivé à me former sérieusement et donner des cours. Dans une ville de 70 000 habitants à l’époque j’ai parié que je ne devais pas être la seule à vouloir un cours de Yoga simple et Terre à Terre. Pour choisir mes formations j’ai consulté les rares professeurs sérieux que j’avais rencontré par le passé. J’ai également passé un diplôme d’état dans le domaine du sport et je continue de mettre à jour mes connaissances années après années. Mon activité est stable et me permet de subvenir à mes humbles besoins.

Quelle regard portes-tu sur ta discipline ?

J’adore le Yoga car c’est une pratique que j’ai commencé en autodidacte et qui m’a permis très jeune de me sentir plus libre de mes mouvements, plus sereine et de réconcilier mon corps raide et maladroit avec l’activité physique. Mais je pense que si l’on m’avait emmené dans un cours au hasard et que j’avais été exposée à tous les stéréotypes que véhicule le Yoga je n’aurai vraisemblablement jamais aimé. Plus tardivement je me suis intéressée à la philosophie et l’histoire du Yoga d’un point de vue culturel et mon intérêt en a été décuplé. J’ai aussi compris pourquoi le Yoga était une proie facile pour les concepts pseudo-spirituels New-Age en manque d’inspiration… C’est un tissu riche d’histoires et de folklores, foisonnant de héros, de cultes, de rites et de dévotion. Il m’a fallut 10 ans d’errance avant de rencontrer un professeur de Yoga sérieux et qui me corresponde vraiment. Aujourd’hui je ne m’étonne plus de l’amalgame permanent entre le Yoga et des pratiques loufoques et je suis la première à me méfier des « prof de Yoga ». C’est déplorable mais cela me semble inévitable.

Quelle est ta façon de pratiquer ? 

Ma pratique personnelle est introspective, simple, évolutive parfois très physique parfois non, et n’est pas dogmatique ni systématique. Elle n’est pas basée sur un culte ou des croyances religieuses mais sur l’écoute, l’étude et la compréhension de soi. Bien que j’étudie des pratiques systématiques, je ne les reproduis à la lettre que très rarement, elles s’incorporent à mes habitudes et je n’en conserve que ce qui me parait pertinent. L’histoire du Yoga, la philosophie, les cultes, le sanskrit, sont des domaines qui m’intéressent et enrichissent considérablement ma culture générale et ma vision du Yoga mais je ne suis pas experte en la matière. J’ai en revanche développé un intérêt spécifique pour l’anatomie et la physiologie. Les gens que j’accompagne disent qu’ils trouvent les cours adaptés, individualisés, structurés et que je suis méticuleuse.

Je ne souhaite plus nommer publiquement les noms des écoles de Yoga dont je suis diplômée pour ne pas favoriser ou diffamer aucun de ces labels en particuliers que je mets moi-même tous dans le même sac que j’en sois diplômée ou non : marketing. Ce qui est un autre débat. Je n’identifie plus que les pratiques que je trouve dangereuses et qu’il me parait important de dénoncer.

Quels changement aimerais-tu pour le milieu du bien-être ?

J’ai un certain niveau d’exigence pour moi-même et mon activité mais je ne nourri pas d’espoir pour le milieu du bien-être ni dans aucun domaine.Que faut-il souhaiter au milieu du bien-être ? Sa disparition ! Qu’il cesse d’être une valeur marchande ? Soit plus éthique ? Moins hypocrite ? On peut rêver… Je ne sais pas du tout si la création d’une charte éthique aura un impact positif, le risque est de créer une « police du bien-être » qui sera un label de plus…. J’observe de loin que d’autres secteurs bien plus réglementés font aussi face à de grosses dérives… je doute que les problèmes du bien-être soit les plus urgents à régler, et je crains que les charlatans aient encore de beaux jours devant eux.